Rosanna Miu  

La présomption d’innocence, un principe clé, selon l’avocate de service Rosanna Miu  

Au moment de se préparer à comparaître dans une salle d’audience à Scarborough, Rosanna Miu n’avait pas seulement le procureur de la Couronne et son client à l’esprit. Elle avait amené son fils de 6 ans pour qu’il observe le déroulement de l’instance judiciaire à laquelle elle prenait part. Me Miu était fière de son travail; elle tenait à ce que le garçonnet le sache.

« Je voulais qu’il voie que maman n’est pas que la cuisinière et le taxi », déclare la juriste, avocate spécialisée dans les affaires pénales à Aide juridique Ontario.

La perception de son fils a effectivement changé, mais pas tout à fait comme elle s’y attendait. Pour le jeune garçon, l’espace bien éclairé, rempli de rangées bien ordonnées, avait des airs de théâtre. Il a pointé les microphones de la salle d’audience, puis a demandé si elle était chanteuse. Amusée, elle a pouffé de rire avant de se remettre au travail.

Quelques années se sont écoulées depuis. Aujourd’hui âgé de 15 ans, le fils de Me Miu sait probablement mieux que quiconque ce que fait sa mère. Il a plus d’une fois suivi l’avocate de service en salle d’audience. Il s’y présente d’ailleurs comme membre d’un groupe de scouts que dirige Me Miu, toujours passionnée par le bénévolat et les travaux communautaires. Pour les jeunes esprits, le ballet d’activités se déployant en salle d’audience relève de la formation accélérée sur la justice et le droit.

« Je veux leur inculquer le sens de la compassion », déclare Me Miu. « Je ne veux pas que les jeunes entretiennent le cliché selon lequel toute personne amenée devant un tribunal pénal est coupable d’emblée. Et puis je tiens à ce qu’ils arrivent à discerner les différentes fonctions à occuper du système judiciaire. »

Ce n’est pas une tâche toujours facile. Les amis et les membres de la famille se demandent souvent à quoi bon défendre des gens accusés de crimes. Elle a l’habitude de répondre qu’il est un principe fondamental au soubassement du droit criminel dit de la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire. Les clients sont de véritables personnes, chacune portant sa propre histoire, dit-elle. Sa clientèle est souvent issue de milieux défavorisés et dépourvue des moyens financiers nécessaires pour se défendre. C’est son travail de voir à ce que des personnes qui ne peuvent s’offrir les services d’un ou d’une juriste, mais qui ont droit à l’aide juridique, soient bien représentées.
Pour beaucoup, s’orienter dans le système judiciaire s’avère difficile. À l’instar des médecins urgentistes qui secourent des patients aux prises avec des problèmes de santé urgents, les avocats et avocates de service représentent les bénéficiaires de l’aide juridique. Qu’il s’agisse de venir en aide à une mère désemparée engagée dans une lutte pour obtenir la garde d’un enfant ou encore d’un jeune homme accusé d’une infraction, les avocats et avocates de service aident leurs clients à comprendre leur situation, à savoir comment exercer leurs droits et à connaître les options à leur disposition pour résoudre leurs ennuis juridiques.


Le titre du poste est limpide. Il relève du devoir de l’avocat de service de faire preuve de responsabilité assumée et d’engagement; ce sont des conseillers et des conseillères qui prodiguent des conseils et de l’orientation. Ils écoutent avec empathie, communiquent avec tact et se portent farouchement à la défense de leurs clients. Ils sont souvent le visage même de système d’aide juridique. Ils tiennent un rôle crucial dans l’érection d’un système judiciaire équitable au service de tous.


On estime que près de la moitié de la population canadienne fera l’expérience, au moins, d’un problème juridique. Au pays, les avocats et avocates de service viennent en aide à plus de 1,2 million de personnes par an, dont près d’un million de cas en Ontario.


En 18 ans de carrière à l’AJO, Me Miu dit ne pas avoir vu deux jours identiques. Au gré du jour et du cas, elle se retrouve, tantôt en salle d’audition pour mener une audience de mise en liberté sous caution, tantôt à donner de l’aide dans un plaidoyer de culpabilité, tantôt à aiguiller des clients vers des ressources communautaires pour obtenir de l’appui dans une cause en matière criminelle. À d’autres moments, elle sera sur Zoom pour aider des clients à se préparer à comparaître devant le tribunal ou pour déterminer s’ils sont admissibles à l’aide juridique.


« Une chose que j’aime beaucoup dans ce boulot, c’est que je ne sais jamais quel est le programme de la journée en fait de comparution au tribunal, et on ne sait pas qui se présentera à la salle d’audience. Disons que c’est trépidant. »

Bien sûr, tout ça n’est pas exempt de stress. Pour décompresser, l’avocate s’adonne aux arts martiaux à raison de trois séances par semaine. « Donner des coups de poing et des coups de pied m’aide grandement à faire baisser la pression », déclarait-elle. « Et puis, ça m’aide à faire le vide. » Elle aime aussi quelques séries télévisées dramatiques coréennes.
Avant d’entrer à l’AJO, elle a effectué un stage à la Ville de Toronto. Au moment de décrocher son diplôme en droit de l’Université Queen, elle travaillait au service d’aide juridique de l’Université Queen, une clinique étudiante qui offre gratuitement des conseils juridiques aux personnes à faible revenu. C’est cette expérience qui a suscité son intérêt pour le travail d’aide juridique.


Sa première rencontre avec l’aide juridique remonte pourtant à bien avant l’école de droit. À l’époque où elle étudiait la criminologie, l’étudiante de 19 ans à l’Université de Toronto avait eu à rédiger un devoir qui l’obligeait à visiter le palais de justice.


C’est dans ce même palais de justice, sis au 1911 de l’avenue Eglinton, à Scarborough, où l’adolescente avait timidement mis les pieds une fois, qu’elle a élu pour domicile professionnel. Elle y est d’ailleurs restée pendant 17 ans. Elle est aujourd’hui avocate de service au Palais de justice Newmarket. Elle tire de la fierté du chemin parcouru, de la salle de classe à la salle d’audience, mettant ses acquis au service des bénéficiaires de l’aide juridique, et cela dans la communauté où elle a grandi.

Il y a environ six ans, aux environs des fêtes, elle a reçu un coup de fil d’une cliente. Cette dernière souhaitait la remercier d’avoir représenté ses deux adolescents. Au tribunal, Me Miu avait présenté de l’information générale et le parcours de ses jeunes clients, accusés de voies de fait à la suite d’une altercation mineure après avoir rendu une voiture de location. Après cet exposé, la Couronne avait abandonné les poursuites. Ce n’était pas tout. La mère tenait à lui dire que l’un de ses fils voulait dorénavant faire des études de droit.

« C’est peut-être bien l’un des moments les plus marquants de ma carrière », dit l’avocate. « J’espère qu’il deviendra juriste puis qu’il viendra en renfort dans les rangs d’Aide juridique Ontario. »

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